Circulez, y a rien à voir

Il y a deux façons de parvenir à la démence : y sombrer pathologiquement, l’évidence est acquise. La deuxième, faire semblant d'y aboutir et s’habituer petit à petit au personnage.

Je me suis aperçu que j’investissais le deuxième cas de figure un soir de février, sur le sable de la plage du Grau du roi, une bouteille de vin du Gard dans le main, le goulot à portée de la bouche. Les promeneurs s’écartaient de moi à peu près sur vingt mètres en me regardant de façon suspecte. Leur statut à mes yeux équivalait celui des algues noires mortes qui jonchaient le rivage. Je les considérais nettement polluants. Et dégageais le même effort à ne pas rentrer en contact avec ces algues résiduelles qu’à ne définitivement pas être interpellé par ces mammifères impétrants. Mon attitude tenait à l’écart les badauds apathiques sans effort. Ils étaient beaucoup plus préoccupés par l’aspect nutritif de leurs gaufres trop grasses. Ou comment meubler l’ennui d’une promenade en absorbant un aliment provocateur de surcharge pondérale et d’encombrement de l’artère aorte.

Moi je faisais quelque chose d’approximatif en jouant le bonhomme préoccupé par l’ingestion de son costières Marcellus à même le sol comme un vrai dur, à deux doigts de glisser sur le mauvais côté de la pente. Si j’avais voulu adopter un point de vue lucide, j’aurais même dit que la pente, je l’avais dévalé depuis belle lurette et en courant, la bave aux lèvres de vitesse. Seulement, à contrario, de ces énigmatiques absorbeurs de pâte à crêpes mal diluée, j’avais une raison vitale à ma posture. J’étais complètement erratique et aucune boussole ne se trouvait à portée de main. Que j’eus préconisé une solution complètement conne à cette situation préoccupante ne l’éliminait pas un brin. Là où les corniauds faisaient de la résistance passive un leitmotiv majeur, j’adoptais la posture du malsain dégénéré.

Et donc, sur le coup de 18h33, je me suis aperçu que je commençais à incarner rudement ma posture.

Il m’est devenu clair que je ne pouvais plus nier mon ressenti majeur. J’appréciais ce décalage sordide. Pas dans le sens où je l’aimais. Non. Plus dans le sens où il me rassurait. Je vivais dans la détresse à défaut de ne vivre rien. Une façon de me recomposer. Je m’étais posé la question du courage une bonne année durant à vivre dans un minimalisme inquiétant. J’avais tenté de déceler tout ce temps ce qui m'avait fait lâcher la rampe d’une existence normalisée et creuse. La réponse était dans la question. Je déraillais dès que j’approchais de la moindre solution viable. Par bug majeur dans ma matrice.


Plus je m’encastrais dans le sable humide et plus le dénivellement de ma bouteille s’accentuait, plus je me sentais accablé par mes observations. De ma satisfaction à m’enfoncer dans la déraison surgissait le désespoir de ne pas pouvoir aspirer à l’image publicitaire de ces hordes de trinqueurs d’apéritifs en terrasse au coude léger. Moi, ma bouteille pesait deux tonnes et l’acte de la soulever, quelle gloire.

Mon problème, c’était peut-être l’acceptation. Je n’avais jamais eu l’intention d’en faire usage. Il fallait me convaincre de tout. Pas de bol, personne n’y était arrivé jusque là. Je continuais à fumer mes quarante clopes par jour malgré les placards publicitaires funestes sur les Marlboro et je persistais à snober mon banquier quand il me menaçait de me retirer mes moyens de paiements.

Je me suis levé pour faire quelques pas sur la jetée. Déstabilisé et seul, comme à 90 pour cent de mon temps. Je ne comptais pas sur la miséricorde, ni la rédemption. Je ne comptais plus d’ailleurs. Tout ce qui était cartésien m’avait fait chier profondément. Je me secouais dans le vide, j’éructais ma haine moyenne à l’écrit, à l’oral, gestuellement et passivement même. Si, si, on y arrive très bien, par le mépris et l’absentéisme.

Pleurer et rire sans objectif m’étaient habituels. La frayeur de mon vide me dévastait tandis que je cherchais à sourire à un dérisoire pêcheur sur le quai. Sans y arriver bien sûr. Je me suis dit qu’il y avait une date de péremption sur toutes les relations humaines et sur toutes les formes humaines bien entendu. Je veux dire pas seulement avec l’avènement de la mort toute puissante, mais aussi avec les différents stades de l’évolution dans une vie. Des relations amoureuses, j’avais gardé le goût des clopes fumées par centaines pour me calmer. Des relations amicales, l’addiction abrutissante à l’alcool. Des relations familiales, un rejet incrusté sous ma peau qui se produisait dans les deux sens dans l’apocalypse de l’humanité tracassée.

J’ai eu un éclair de lucidité soudain. Qu’est ce que je foutais dans cette région ? Je m’étais trop souvent demandé ce que je faisais sur terre ces derniers temps. Le Languedoc Roussillon, rien que le nom, j’aurai du me méfier avant de perdre mon temps. Pour un type né en Champagne et élevé au pastis de Marseille, ça manquait de pétillant assurément.

Six ans dans une maison de solitude avec vue sur un palmier Fantien pour sa capacité à se faire uriner dessus en fin de soirée alcoolisée, et encore tout cela datait terriblement. Six ans évanoui dans un patchwork d’impossibilité existentielle, de colère latente et de revanche inaboutie. Devenir un être non grégaire m’avait abusé par sa facilité à être réalisable dans le confort d’un village gardois typique. A façon de schizophrénie, une autre idée de la fuite, moi qui la pratiquais solennellement en lui donnant toute sorte de noms depuis le début, philosophie, accomplissement, fatalité, lucidité. Une fuite immobile me tenant hors de portée de la vie.

Juste de la peur évidemment.

N’être rien pour ne pas devenir quelque chose de fragile. Une franche réussite.

C’était décidé, j’allais fuir cette période de ma vie, une époque intercalaire. La plus stérile de mon existence. Logiquement, agir ainsi devait se révéler salvateur. Sinon que faire d’autre ? Au bout de six ans, si tu ne sais toujours pas si tu dois partir ou rester, pars. 200 % garanti.

La date de péremption de cette vie était dépassée depuis bien longtemps. Mai 2006, et peut-être auparavant. J’avais pratiquement ingurgité une année entière avariée.

Au bout du chemin, il n’y avait plus que de l’indigestion.

J’ai regardé ma plus proche source d’espoir dans les yeux.

Une fille formidable. Elle était encore là au bout d’un an malgré l’ectoplasme que j’avais choisi d’incarner. Elle m’a dit « Tu vas t’en sortir.» Je ne voyais pas de quoi on pouvait sortir quand on était solidement enfoncé dans rien. Mais elle semblait sûre de son fait.

Alors je l’ai cru et j’ai fait le premier pas. Le plus facile.

Traffic a écrit:

Sujet: Circulez, y a rien à voir

bon, ben ... j'y vais.

Pour quelqu'un qui a l'oeil qui détecte le poil de cul qui dépasse (voir https://anti-rampants.1fr1.net/Rejouissances-et-divertissements-c2/Cocasseries-autres-delations-f7/Ma-preoccupation-exhaustive-a-16h28-p458.htm#458) tu te décourages vite.

Traffic a écrit:

tu te décourages vite.

hé hé

https://anti-rampants.1fr1.net/Rejouissances-et-divertissements-c2/Cocasseries-autres-delations-f7/Ma-preoccupation-exhaustive-a-16h28-p461.htm#461

tu crois?

Ah ben, on s'éclate à faire des liens ici.

A mon tour et vers un supebe texte pour le coup ! Tout à fait dans le sujet en plus : https://anti-rampants.1fr1.net/Forums-anti-compassionnels-c1/Textes-subversifs-f2/Les-hommes-tombent-amoureux-en-sodomisant-leur-partenaire-t144.htm

A LIRE D'URGENCE !!!

Tu sais quoi?
je crois qu'on monopolise un peu le forum

on va perturber la lecture des 98 visiteurs journaliers

Les lecteurs de mes textes sont déja passablement perturbés alors...

ha ha ha ha ha ha ha

t'as vu ton grade???

buveur OCCASIONNEL !

mais on se moque de toi là !
réclame la démission des modérateurs !

Génial je suis buveur occasionnel Je suis Buuuuuuuuuuuuvvvvvvvvveuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurrrrrrrrrrrrrr OOOOOOOOOccccccccccccccassssiiiiiooooooooooooooooooonnnnnnnneeeeeeeeeeeeeeeeeelllllllllllllllllllllllllllll...

Je vais défricher les différents grades de ce site !

J'en fais le serment devant toi Marquise !

Je finirai Mort par Cirrhose ! Je prévois !

Faudrait qu'Erato pense à faire un forum cuvette de chiotte

hé hé

on trinque?

Tiens tu es aussi buveur occasionnel, ça fait plaisir ?

Tchin tchin

par contre je me demande ce que c'est que l'espère de papier peint hideux sous nos pseudos
c'est pour faciliter la gerbe quand on aura trop profité des occasions de boire?

1664 , toute la noblesse d'une bière ! d'unebière pas cher de surcroit !

Moi je bois de la stella en pensant à toi Marquise !

c'est de la provocation?

1164, n'est pas une bière, c'est une boisson houblonnée et gazeuse, nuance
un peu comme la stella, mais en plus pire.

Moi j'aime le pire, j'y suis tellement habitué avec ma fréquentatin de forums douteux, tu me diras !

A la tienne !

Effectivement, avec de telles mauvaises habitudes, on se demande comment tu as pu si bien t'intégrer chez moi :tongue:

Le gentleman langladois est adaptable dans les micro climats les plus beiges.

Tout simplement !

il y a un climat noir et mauve aussi
au cas où ça te manquerait un peu

Troisième mojito comme signalé ailleurs je sais plus quand ni où

Citation :

Traffic
Picoleur régulier

tout le monde l'avait remarqué

sinon, c'était là que tu avouais picoler comme un dessous de tente décathelon : https://anti-rampants.1fr1.net/Forums-anti-compassionnels-c1/Textes-subversifs-f2/Les-hommes-tombent-amoureux-en-sodomisant-leur-partenaire-p590.htm#590

Entre autres et aussi là http://effetmer.free.fr/viewtopic.php?topic=2816&forum=20

tu fais des coming out partout toi

Ouais je savais pas que ça payait mais en fait tout ça se noiera dans l'indifférence , je suis invisible man au fond

Je fais le groom :

Au fait qu'est ce que tu penses des matelas King Size Marquise ?