Ecriture et positionnement néo-réaliste
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omega-17
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MessageSujet: 3615 CODE AMOUR (appel hypothétique surtaxé)   3615 CODE AMOUR (appel hypothétique surtaxé) EmptyMer 14 Mar - 17:09

Il s’est rhabillé, je lui ai proposé un dernier verre « pour la route » et il l’a vidé d’un trait, comme un homme ; devant la glace du vestibule, il a recoiffé ses cheveux brièvement en souriant. Il est fier mais il sait que cette fierté n’est grande seulement si elle demeure clandestine et il tient trop à nous pour vendre la sublimation de notre complicité contre un peu plus d’ego inutile. Il est beau quand il est sûr de lui. Il est beau en toutes occasions. Je porte sa chemise Rip Curl, mon whisky encore à la main, il regarde mes cuisses, s’attarde sur ma culotte puis me fixe d’un air un peu triste, un peu macho. « Bon, allez, je vais devoir partir, hein ma chérie… ». Oui, il faut qu’il rentre, évidemment.
L’après-midi a été inoubliable ; il m’a fait l’amour six fois : dans le salon, la chambre et la salle de bains. Il le fait comme un homme, pas comme un gamin ; il sait être d’une tendresse passionnée comme d’une brutalité nécessaire. Il n’a pas beaucoup d’expérience d’après ce qu’il m’a dit mais on le dirait fait pour ça. Je revois encore ma face haletante et épanouie dans le miroir au-dessus du lavabo, j’aime la vie un peu plus fort dans ces moments-là. Sans parler, il me dit que rien n’est tout à fait terminé tant qu’on ne l’a pas décidé. Je rêve éveillée et je ne peux qu’espérer que mon sommeil ne prenne pas fin sous peu.
La première fois, il m’a dit qu’il m’aimait. J’ai souri. Moi, je l’aime totalement, pleinement et il n’a aucune idée de ce que cela représente. Ce n’est pas important ; le véritable amour, grandiose et dramatique, réel et forcené, ne voit sa supérieure illustration que dans le sentiment à sens unique. La souffrance indissociable à toute valeur de cet ordre.
Il doit rentrer et s’occuper de sa petite sœur, Léa. Une fillette adorable, elle est en CP avec Mme Veneix, un des derniers piliers de l’éducation lucide, bien loin des nouvelles méthodes qui forment les analphabètes des prochaines générations. Moi, je m’occupe des troisièmes et des secondes. Pour la majorité, des gosses pénibles, incapables de se concentrer pendant cinquante-cinq minutes, d’une puérilité graveleuse déconcertante.
Seb, lui, semble n’avoir sa place nulle part, encore moins en leur compagnie. Il est sorti avec une fille de la classe en début d’année, une pute en devenir légèrement plus intelligente que les autres, ils n’ont pas couché ensemble et elle s’est faite plaquer au bout de deux semaines. A la fin de mon cours, il prenait tout son temps pour ranger ses affaires ; je savais bien qu’il me matait en permanence, plus tard il m’avoua qu’il se masturbait tous les soirs en se remémorant les courbes de mon corps, en imaginant nos unions instinctives, nos sens réunis. Que celui qui n’a jamais phantasmé sur l’un de ses professeurs lui jette la première pierre.
Je sens bien que cette liaison l’excite énormément, tout comme moi, cependant mon vécu ne me laisse que peu d’espoir sur sa continuité, moins encore à propos de sa sérénité. La menace pathétique mais présente des bien-pensants plane en permanence sur nous, sans compter sur les retombées judiciaires envisageables dans ces cas-là et la perte immédiate de mon travail. Je ne devrais pas y penser et surtout pas faire partager mon ressenti à Seb mais il génère un tel charisme, une telle perception de l’humain malgré son âge, que je me repose souvent de mes atroces questionnements sur lui. Je suis censée diriger cette relation, il me revient de prendre les décisions, d’imposer la rupture dès qu’elle deviendra évidente si elle ne l’a pas toujours été, d’ailleurs. Je n’en ai pas envie et à homme d’exception, situation d’exception, c’est ce que je me dis. J’aurai tout le temps de faire semblant de le regretter plus tard. « Mais qu’ils aillent se faire enculer, on n’en a rien à foutre, nous. A partir du moment où ils n’ont aucune preuve, ils peuvent toujours se branler avec leurs soupçons si ça leur plaît… ». Touchante rébellion. Comme toutes les rébellions. Après ce genre de conversation, fatigués de nous torturer, nous baisons inévitablement, comme pour nous venger, nous sécuriser, nous consoler. Un pied-de-nez concrètement dérisoire mais dans l’absolu, un palliatif efficace à court terme. Je le sais, il le sait. J’ai trente-six ans, il en a quinze. C’est ainsi.

J’avais pris un pied d’enfer. Quelques minutes après mon arrivée, mes mains sur ses hanches, j’avais pénétré un monde parallèle. La meilleure baise de ma vie et la barre est placée très haut, ce sera difficile à battre. Du six et demi sur l’échelle de Richter. La femme ultime ; dans dix ans, elle vaudra encore sûrement toutes les pouffiasses de mon âge dont le seul but est de se faire troncher pour aller le raconter aux copines, d’un air mystérieux, au téléphone ou au café, histoire de démontrer qu’elles ont pris de l’avance sur les autres dans la course perpétuelle pour le titre de la plus grosse salope opérationnelle sur le marché. « Je baise donc je suis ». J’ai lu Descartes, enfin des extraits et je suis sûr qu’il aurait pu permuter la fin de sa phrase devenue culte en vivant à notre époque.
Avant de quitter l’appart, je me suis envoyé un Sky, ça m’a redonné un coup de fouet. J’aurais bien aimé remettre ça avec elle du coup mais je devais aller chercher Léa à l’école. Léa, c’est ma petite chose, elle ne deviendra pas un génie des temps modernes - elle ressemble déjà trop à sa mère - mais pour le moment, elle ne persécute pas mon univers. Je crois que c’est pour cela que je la supporte sans problème.
Elle était appuyée au mur avec son verre et elle me couvait du regard. Ma chemise s’ouvrait sur un corridor de peau tendre, s’arrêtant sur les contours de la culotte que j’avais enlevée en tremblant un peu au départ ; je pense qu’elle a compris que ça m’excitait alors elle la met et c’est vrai : ça me rend complètement fou. Je l’ai sauté dans toute la baraque, c’était un espace-temps innommable, j’ai atteint le sublime. J’y repense encore dans l’escalier : non, décidément, il y a peu de chances pour que j’atteigne un jour le même nirvana. D’ailleurs, en mettant mes écouteurs à la sortie de l’immeuble, je tombe sur Cobain qui se déchire sur « All Apologies », il n’y a pas de hasard dans la vie. J’ai dit que je l’aimais. Ca n’engage plus à grand-chose de nos jours. C’est peut-être le cas, il faut que j’y réfléchisse. Il n’y a rien à réfléchir.
Je me suis mis à bander en passant le portail pour me diriger vers le bâtiment des primaires, tous ces gens, cette agitation de mères en pagaille qui ont déplacé leur attachement au père vers l’enfant. Je baise avec fureur une femme qui pourrait être leur amie, leur confidente alors qu’elles acceptent déjà des coïts bimensuels, hebdomadaires dans le meilleur des cas. Grognasses qui viennent couiner, les mains agrippées au landau, pour venir se plaindre à l’accueil de la hausse du prix du ticket-cantine. « Ah mais oui, mais quand même, ça commence à devenir de plus en plus cher, MOI, en tant que MERE, ça me fait une dépense supplémentaire dans le budget de la FAMILLE ». Espèce de pauvre merde, personne ne t’a demandé de faire sortir un gnome de ta chatte béante, viens pas jouer les Cosettes, tu savais à quoi t’attendre. Ouais, j’ai lu Hugo aussi, mais vite fait, ça m’a rapidement gonflé. Putain, j’ai envie de leur éclater la gueule avec les chaises en plastique du préau de la maternelle et de leur enfoncer des crayons de couleurs dans les orbites pour voir si ça peut leur faire passer l’envie de polluer mon environnement. Leur taillader les ovaires m’aiderait aussi à compenser. Les bouquins de Houellebecq également. J’ai passé mon temps à lire depuis que j’ai six ou sept ans, ça m’a empêché de finir en HP ou sous un train, en tout cas jusqu’à présent. Je deviens dingue, un vrai psychopathe. D’un autre côté, je n’arrive pas à contrôler ces bouffées de haine, l’humain me donne des idées morbides. Comment supporter ces gens pendant toute une vie… ? Impossible. Strictement impossible. S’ils osent en plus se mettre entre moi et Véro, je ne répondrais plus de rien.
Léa me tient la main : on rentre à la maison. Si elle me quitte, je la tuerais peut-être. Avant de sauter de son cinquième étage. Il n’y aura rien à regretter. En attendant, on se voit ce weekend et je vais de nouveau passer de l’autre côté de la vie, celui que je ne voudrais jamais quitter. J’ai quinze ans, elle en a trente-six. C’est ainsi.


Sept ans plus tard

Si j’avais eu une sœur plus jeune que moi, elle aurait rapidement opté après quelques années à mon contact pour une carrière dans le clergé ou pour la méditation à vie dans un ermitage des Carpates. Dégoûtée de l’Homme, des choses de ce monde. Un service que j’aurais pu lui rendre, probablement.
Si j’avais eu autant de succès avec les femmes mûres, j’aurais fini gigolo dans la capitale, blindé du fric des roturières middle class en manque et des veuves du XVIème. J’aurais ma table de salon pleine de flyers, des costards Valentino Rossi et je fumerais des Dunhill à compartiments en me disant que j’ai réussi à m’en sortir dans la vie, quand même, et plutôt bien. Un service que j’aurais pu me rendre, peut-être.
J’ai un peu moins menti concernant les autres éléments.

Aujourd’hui, mon bilan est plutôt « mitigé ». C’est une bonne technique pour contourner l’idée ennuyeuse qui revient à se dire que l’on a foiré sans l’ombre d’une hésitation les bons trois-quarts de ce que l’on a osé entreprendre. Futile mais efficace dans l’instant. Comme le reste, finalement.
Aujourd’hui, elle ne s’appelle pas Véro, elle n’est pas prof et elle n’a pas trente-six ans ; je ne m’appelle pas Seb ( bien heureusement ), je ne suis plus élève depuis des siècles et je n’ai plus quinze ans. Elle s’est mariée sur « Still loving you » et je suis resté célibataire sur « Talkin’ about evolution ». Duel de style. Qui vivra verra. C’est tout vu.
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