Ecriture et positionnement néo-réaliste
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Le réalisme est l'arme absolue anti-rampante
 
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 Réflexions wallonnes à caractère létal

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omega-17
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MessageSujet: Réflexions wallonnes à caractère létal   Réflexions wallonnes à caractère létal EmptyJeu 22 Fév - 13:59

J’étais en train de me bâfrer d’un kebab montois avec la distinction d’un phacochère nihiliste pendant qu’une migraine incompréhensible me cisaillait l’hypothalamus dans un hôtel tout ce qu’il y a de généralement décevant quand ils sont intitulés « L’Etna » en me disant que la fin de mon dernier texte ressemblait à du Higgins Clark et que la bière abandonnée sur le rebord du lavabo devait être tiède depuis déjà un bon moment.

C'est-à-dire que ça n’allait pas très bien.

J’étais seul mais de mémoire, il n’y avait eu que le contraire qui avait été capable de me surprendre ; les draps pêle-mêle au pied du lit témoignaient bien d’une présence quelconque à un moment donné mais rien ne pouvait l’affirmer avec certitude, encore moins le démontrer de manière indiscutable, mes souvenirs en la matière avaient à peine plus de crédibilité que la fois où j’étais persuadé d’avoir vu mon ancienne institutrice dans une salle de billard enfumée un soir de grand désarroi ou quand je vous déballe cette réminiscence débile et complètement fausse par simple démarche absurde.
J’étais fatigué comme on peut l’être à force de plier bagage tous les trois jours comme un fugitif qui n’avait rien fait de répréhensible ou presque, de donner des rectangles en papier en échange de biens et de services qui s’avéraient souvent inutiles, de se dire que sa seule chance de vivre avec une femme aussi déséquilibrée que soi réside dans le meurtre consciencieusement prémédité de son mari et probablement de boire l’eau non potable des trains après ses cigarettes en sas sanitaire.
J’étais démotivé, comme ça avait toujours été le cas, par toutes sortes de projets existentiels considérés par l’ensemble de l’humanité comme hautement fondamentaux, refusant le travail par principe, me déplaçant en permanence à pied, méprisant l’humain par reflexe lucide et conservant un seul rêve latent, celui d’arriver un jour à penser à autre chose qu’à rien.
J’étais également inapte à toute réflexion profonde me concernant puisqu’il n’y avait pas matière à analyser ou à extraire quoi que ce soit et un exutoire néantisant de cinquième catégorie tel que l’observation flasque du centre-ville par une fenêtre curieusement propre se trouvait ainsi considéré par mon jugement tortueux comme étant l’ultime trouvaille comportementale.
Mon statut vital ne dépassait guère celui de distributeur de cigarettes pour prostituées belges camées à la sortie des épiceries nocturnes.

Le suicide ne figurait pas dans ma liste d’options immédiates, j’avais encore un peu d’argent qu’il aurait été illogique de ne pas dépenser stupidement, j’avais encore un objectif d’ordre relationnel qui occupait par défaut mes comas éveillés malgré sa déprimante fragilité et surtout, j’avais décidé que si le choix me revenait, je préfèrerais mourir à Vienne.
Ca n’avait pas plus de sens que le reste de mes acquis mentaux et je crois que c’est en vertu de cela que j’y voyais un signe du destin ou du vertige humain général.
A force de fantasmer sur le concept de l’écrivain raté, j’avais quasiment réussi à atteindre mon but, il ne me restait plus qu’à arrêter d’écrire à Mons, là où en arrivent les plus perspicaces, une nuit sans intérêt de Février, pour que ma prétention à ce titre n’ait pas l’air injustifiée et je pensais bien qu’échouer à cette obtention était désespérément dans mes cordes.
Michel Houellebecq aurait très bien pu entrer dans la chambre neuf du troisième étage avec son air de lémurien diaphane et se serait assis à côté de moi en jetant un œil brillant et passionné sur mon style syntaxique que ça ne m’aurait pas enlevé le désir intense de scruter le cendrier pendant de longues heures à la recherche d’un faux espoir en quelque chose.
Pour être factuel, il me restait mille six cents euros, un ordinateur portable et Stéphanie. Je ne savais même plus dans quel ordre je me devais de positionner tout ça sur l’échiquier, quelles pièces pouvaient passer par-dessus les autres ou si c’était à mon tour de jouer. Ce qui était évident chez l’adversaire et qui lui donnait un avantage certain dans cette partie très déséquilibrée, c’était la présence d’une stratégie rodée qu’il mettait en place avec une sérénité qui ne pouvait qu’exacerber mon fatalisme.
D’autres l’auraient fait et peut-être à juste titre, mais je n’avais pas vraiment ni le courage ni l’envie véritable de verser cinquante centilitres de bière locale sur le clavier, de jeter l’argent aux automobilistes montois et d’envoyer encore une fois par lâcheté absolue un message vil et blessant à Stéphanie avant de prendre un dernier train pour Vienne.

Alors je suis resté et j’ai attendu que la vie fasse quelque chose pour moi puisque j’en étais incapable.

Je patiente à cet instant précis depuis une minute et aucun passant n’a éclaté le carreau de la vitre en m’envoyant une solution ficelée à un pavé de la place Léopold. Je vais peut-être descendre faire un micro-trottoir, je tomberai avec un peu de chance sur un disciple de la secte Moon qui verra en moi un grand potentiel d’adorateur du bulbe de cèpe et je passerai les prochaines années en kimono à chanter les louanges d’une entité quelconque du côté d’Osaka en jouant du tambourin en queue de file pendant les processions quotidiennes de prières spontanées aux esprits élémentaires.
Que voulez-vous que je vous dise…
Ca me fait pleurer de rire alors que j’ai plutôt envie de pleurer tout court. C’est sûrement un des effets thérapeutiques de l’écriture ou un système défensif disposant d’un générateur de camouflage en mauvais état de marche.
Certains auteurs détaillaient avec style le programme accompagnant la fin d’un texte, à savoir aller aux putes, se bourrer la gueule ou chier de façon prospère. Je vais continuer à surveiller les alentours de la gare depuis mon perchoir dans l’attente d’un évènement dénué du moindre intérêt afin de pouvoir vous en faire un exposé détaillé prochainement.

Voilà, ce sera tout pour ces premières réflexions du cru hautement réalistes, vous pouvez me croire sur écrit. Si vous prenez un billet pour Vienne suite à cette lecture, je ne vous en voudrais pas, je vous demanderais simplement de me laisser le pont aux réverbères enjambant le fleuve du même nom qui ressemble à n’importe quel pont dramatique à partir du moment où l’on est fatigué d’attendre ce qui n’arrive jamais. Bien aimable à vous.
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MessageSujet: Re: Réflexions wallonnes à caractère létal   Réflexions wallonnes à caractère létal EmptyJeu 22 Fév - 23:22

C'est un texte tripal, la dose létale n'étant pas encore atteinte, je le souhaite vivement et ne t'encourage pas à lancer la phase clinique avant d'avoir observé la toxicologie de cette réflexion sur un autre spécimen que toi. Merci. ( et c'est un ordre d'ailleurs)

Percutant en tout cas, il ne laisse absolument pas indifférent en son style qui dévoile une grande maturité, une forme de lucidité tranchante aussi qui se paye au prix fort.

Avec un texte comme ça et sur cette voie, l'optimisme en plus, on ne peut que réussir!

Je te salue admirativement sans dégoulinage rampant!

Novocaïne
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omega-17
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MessageSujet: Re: Réflexions wallonnes à caractère létal   Réflexions wallonnes à caractère létal EmptyVen 23 Fév - 15:52

Seule la Jupiler dégouline quand on la boit plus vite que sa trachée ne peut l'admettre.

Studio montois à partir de lundi. Le proprio est un LC Beat dentiste.

Ca promet...
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MessageSujet: Re: Réflexions wallonnes à caractère létal   Réflexions wallonnes à caractère létal Empty

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