La perception panoramique inhérente à mon état légèrement roséique made in Provence me propulse sans détours dans cette image toujours bien présente de la rencontre annoncée cocasse se profilant au terme d’un épisode ferroviaire dénué de toutes surprises incongrues.
Un écrivain wallon ( car je me dois de rectifier ici une incivilité précédente ) a écrit fort à propos que l’élément environnemental forestier pouvait réduire l’effet notable des scènes grivoises. Ma mémoire me jouant parfois de sombres tours, l’exactitude de son discours me fait sûrement défaut mais il n’en reste pas moins que ce diaporama flottant sous la bannière du phantasme initialement éthéré reste symptomatique de l’état d’esprit qui demeure le mien en l’occasion.
Je ne m’avancerai pas plus longtemps au sein de l’attente baveuse vis-à-vis de son application des plus concrètes car ma fréquentation de l’humain m’a trop souvent démontré que le désir trouve sa sublimation dans sa non-concrétisation et ce, dès que l’on adopte le culte de la défaite en tant que maître d’armes.
Facile, me direz-vous.
De prôner l’échec anticipatif pour mieux rebondir dans le développement d’une idéologie d’anti-winner, poncif souvent déployé par les individus nihilistes de degrés divers, parfois blazés, souvent névrosés et toujours plongés dans le mælström de l’irrémédiable, constat général plus exacerbé encore chez ce genre d’individus.
Certes.
Néanmoins, la véracité qui en découle ne trouve réellement aucun concept crédible pour l’infirmer, ce qui pourrait donner à croire en sa vitale évidence mais qui ne fait, en l’occurrence, que propager le doute, entité intrinsèque à l’humain réfléchi, de manière permanente et ainsi bâtisseuse d’esprits d’apparence libre mais tout aussi omnisciente - du moins en diamétrale opposition aux modes de pensée tendant vers la flaccidité générale, cooptant le non-sens relativement biodégradable et hautement producteur d’ennui et de dépression totale - chez l’être dissocié au questionnement large.
Il était à présent suffisamment clair en mon esprit, comme ma syntaxe envolée le soulignait, que ma main allait opter pour une direction de basse altitude dès lors que ma bouche instillerait en moi la démarche instinctive d’entrer en contact avec la sienne, évènement introductif largement décrit et entendu par nos précédents échanges scripturaux de haut vol, sans pour autant en assurer le bon déroulement en situation duelle.
Des intermèdes longs de sens dérivatifs et pourtant légitimement estimables, au niveau instinctif qui était le mien, comme sources de ce que l’humain moyen nomme espoir, voire anticipation au potentiel applicable suffisant pour générer une pré-satisfaction jouissive et suffisamment factice pour en dénigrer la naissance par la suite.
Auréolé par la gloire et les lauriers que j’avais déposés moi-même au sommet de ma toute-conscience -dont la clarté relative ne m’impressionnait guère -, les évènements externes semblaient revêtir en conséquence et de manière fataliste les loques putrides de l’incompétence avouée.
Produire sa propre supériorité sur ce que nous craignons : la démarche la plus hardie, la plus vaine également mais surtout la plus remarquable qui puisse être observée dans l’ensemble global des conditionnements comportementaux générés et entretenus par l’activité latente de la dissociation viscérale.
Puisque mon survol approuve sa propre chute, que mon monopole apprécie l’OPA agressive, que sa mainmise se délecte du retrait de son pouvoir depuis trop longtemps acquis, il est capital d’entretenir - de créer, à défaut - la rivalité de tout ordre afin que la perspicacité dont elle se gausse s’en trouve de nouveau justifiée.
Afin que cette puissance par le mot demeure.
Que la continuité monolithique fende sa voie.
Keep on fighting.
Et cela ne saurait prétendre à une autre fin que celle qui lui est destinée.
Je pousse la porte d’un bar franc-comtois.
J’aime les histoires de bars parce que c‘est toujours très inutile et très anecdotique.
Un type en costard presque aussi bourré que moi me parle de son projet existentiel majeur : la formule chimique d’une nouvelle lessive révolutionnaire; il vendra le concept dès qu’il obtiendra ses cent milles premiers clients.
J’aime également laisser les gens me parler, c’est rarement intéressant et ça crée un bruit de fond qui peut parfois être supportable mais là, je n’ai plus le temps d’analyser la viabilité du plan commercial.
Deuxième virée à l’hôtel du voyageur, demeure du hobbit géant.
Après avoir cassé un verre dont le caractère sentimental développé par son propriétaire à son égard m’avait largement échappé et sans avoir omis de m’empaler à plusieurs reprises sur un vélo placé là de manière fort malheureuse, j’avais un peu de mal à aligner trois pas sans risquer de me fracturer le crâne sur le carrelage.
La conversation s’est achevée comme elle avait commencé : c’est-à-dire dans le domaine de l’insolite puisque le thème de l’écriture avait laissé la place à celui des modalités de l’évolution psychologique au contact de l’Autre, aux différents effets constatables inhérents à la prise massive de stupéfiants divers et à la suspecte organisation de la vidéo surveillance dans le centre-ville de Reykjavík.
Ca fait un bon moment qu’elle me bouffe du regard et que je lui caresse la cuisse en parlant d’un auteur intéressant au point que j’aie déjà oublié son nom.
Tout semble se mettre en place, Les litres de bières ont coulé à flots perdus, la bouteille de Chivas a effectué un furtif salto carpé jusqu’aux cerveaux déjà bien entamés et le caractère prémonitoire de mes réflexions me viendra à l’esprit plus tard, ainsi que l’héroïsme qui s’en dégage.
Je termine ma tequila sans me presser outre mesure.
Elle est venue sans son balai, aujourd’hui, c’est plutôt sympa de sa part.
Ca commence plutôt paisiblement dans un esprit latent de laverie automatique et puis, ça donne rapidement ça :
« Allez, mets-la, cette putain de capote !
- Non.
- Ben, c’est avec ou rien.
- Humm.
- Allez, putain, j’ai envie.
- Non. C’est pas pareil. Si y a pas de confiance, c’est pas intéressant.
- Mais si.
- T’as pas confiance en moi ?
- Non.
- Enflure.
- Alors, toujours pas changé d’avis ?
- Humm.
- Mais t’es un enfoiré !?
- Ouais.
- Espèce de sale con..
- Pourquoi, sale con ?
- Pour changer d’enfoiré.
- Ok.
- J’ai de bons arguments.
- Connus, je suppose…
- Ben, sans, c’est salissant.
- Ah oui, pas mal celui-là.
- On se connaît pas.
- Quand même…
- Maintenant, oui.
- Mouais.
- Le fait de porter de manière accidentelle la promesse de ton immortalité m‘inspire un profond dégoût.
- Voilà, ça, c‘est valable encore.. D’autres ?
- C’est pas suffisant ?
- Non.
- Je vais écrire un texte intitulé ‘La plus grande frustration de ma vie’…
- Ouais, ça sera sûrement cocasse.
- Putain, tu fais vraiment chier quand même…
- Humm. »
Tant que je vous tiens, j’aime les dialogues foireux.
Ca donne un néo-style.
Surtout quand c’est bien fait et globalement authentique.
Comme c’est le cas ici.
Un soir au pays des gens, quoi.
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