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 Quand le masochisme devient héroïsme

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omega-17
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MessageSujet: Quand le masochisme devient héroïsme   Quand le masochisme devient héroïsme EmptyVen 26 Jan - 20:52

L’absence de sociabilité à moyen terme fait apparaître la facticité générale de toute entreprise intégrant des modalités d’échange de cet ordre.

J’aime beaucoup cette phrase étant donné qu’en premier lieu, elle a été écrite de ma main mais ce qu’il y a d’attractif en elle réside dans les évènements qui m’ont amené à la faire vivre.
Je m’explique.
J’étais retombé quelques temps plus tard dans l’univers ex-yougoslave du ramonage comme on retombe en enfance. [ Je vous conseille d’aller vous faire foutre sans passer par la case départ si vous pensez à l’instant à cette ignoble madeleine de Proust.] Je veux dire que j’étais encore dans le porte-à-porte à outrance, j’avais exploré l’aspect ludique de l’activité et je me divertissais de moins en moins. Ce qui, en général, est plutôt mauvais signe.
Bombardé de secteurs peu intéressants en secteurs simplement dénués du moindre intérêt, j’allais de l’aberration à l’apathie et comme chacun sait, de l’apathie à la mort il n’y a pas grand chose. J’ai pu constater de nouveau que le graissage des gonds de portes parisiennes était particulièrement soigné à toutes les périodes de l’année et que l’être humain moyen acquérrait rapidement et sûrement la posture du chimpanzé méfiant.
Bref, je m’enrhumais toujours quatre-vingt quinze portes sur cent et je sabotais mes cinq occasions journalières d’enrichir le conducteur de Mercedes bedonnant en conseillant aux gens de me rappeler. Ce qu’ils ne faisaient quasiment jamais puisqu’ils n’étaient pas complètement fous. En tout cas, pas tous.
Après Nîmes, c’était donc Paris. J’avais retrouvé la fine équipe avec le vieux JP, Fabrice le taré, Carlos le Portugais et quelques autres. Autre ville, même méthode. A peu de choses près. A savoir qu’en matière de contact à domicile, le Parisien est au Marseillais ce que le crotale est à l’aspic.
Ah ouais. J’avais bien failli relâcher plusieurs tonnes de pénibilité au centimètre cube sur quelques faciès locaux, pétrifiés - ce qui ne les rendait que plus méprisables - par ma nonchalance. D’un autre côté, j’avais appris mon texte et je ne faisais que réciter ma leçon dans les couloirs d’immeubles pour pouvoir manger du poisson pané le soir venu et dormir dans une caravane en voie de désagrégation.

Histoire de raccorder avec le titre.
Celui que vous avez trouvé suspect tout à l’heure.
Ouais, ouais…
« Les héros quittent le champ de bataille en RER »
Voilà !
Celui-là est fameux.
Ce qui ne m’empêchera pas de garder l’autre.
Préservons l’instant.
Du factice, toujours du factice.

On habillait la vérité générale pour la rendre plus arrangeante car elle n’était pas de notre côté. Rien de bien méchant. Nous étions un peu comme des prisonniers volontaires et nous ne faisions rien d’élaboré puisque nous n’avions plus de raisons valables de croire à une quelconque élaboration.
Voilà ce qu’un micro-espion aurait révélé s’il avait été positionné dans la caravane principale :
« Eh oh ! Eh ben, bouge !
- Eh, ma gueule ! Tu joues à quoi ? T’endors pas et passe le pilon.
- Ohlà !
- Putain, Raphaël, va remplir la bouteille d’eau ! Tu fous rien de la journée et encore moins…
- Ouais, c’est ça, eh hein, moi, je vous fais à bouffer déjà, alors hein, euh…
- Ouais, enfin…
- Humm.
- Bordel, je vois rien, décale-toi ! Qu’on s’informe un minimum sur les conneries du jour, y a le vingt heures.
- Catherine Laborde, je lui bouffe le cul !
- 13 à Paris, 17 à Marseille…
- Tu bouffes le cul à tout le monde…
- Ouais mais elle, je la prends comme ça et… »
Fabrice et la chorégraphie…
Il lui manquait peut-être une case mais il était drôle. Et on passe beaucoup de choses à ces gens-là. On a raison d’ailleurs.
Il bossait bien, aussi.
Un bon baratineur et un bon gars.
Sauf si vous tombiez sur lui en ouvrant votre porte. Il avait travaillé dans des restos trois étoiles, il avait été maître d’hôtel, il avait un peu plus de trente ans.
Et puis après, plus rien. Il avait même arrêté de vieillir.
Quand le parcours des hommes flirte avec la banalité pour s’en extraire tout juste après et devenir un monument de singularité, de vie, de tristesse et d’intensité aussi. Simplement quand l’Homme peut créer l’oubli à volonté.
En ce qui me concernait, j’avais oublié que j’oubliais, une sensation qui n’en était pas une, couplée à des situations sans liens apparents ; un microcosme devient très rapidement un univers complet. Avec ses rites, ses automatismes, sa raison d’être inventée.
Regardez : vous êtes mort.
Compris ?
Vivre une continuité en y ajoutant des chemins de terre, ce n’est pas trop mal, finalement.
Mais ce n’est pas une vie.
Rien n’est une vie.
Et peut-être qu’en extrapolant sans prétention, il s’avèrerait que Rien EST la vie.
Comme le ballottement d’un énième wagon de train.
Comme mes yeux qui cherchent le repos.
Le vent qui s’engouffre dans un puits et en ressort.
Lui.
Quelques heures après, je me suis retrouvé dans un bar qui venait d’ouvrir. J’ai commandé deux cafés sans raison apparente. Et puis j’ai entendu une voix derrière moi :
« Hé ! C’est ton ami, là ? »
Je ne me suis pas retourné.
Cette question ne pouvait pas m’être destinée.
J’y ai repensé après.
Sur le coup, l’évidence ne m’avait pas frappé.
C’est peut-être à ce genre de détails anodins que l’on reconnaît le constat sans appel de sa propre misanthropie.
Après avoir stupidement tergiversé, la décision de me mettre à commander des bières s’est imposée d’elle-même.
Rien ne change jamais.
Rien est inaltérable.

La non-entité échappe donc au factice global.
L’exception, c’est ça : ce qu’il reste lorsque l’on n’a Rien soustrait.
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