J’oscille, comme la plupart, entre deux êtres, ou plutôt deux « vouloir être ». En désirs bien souvent opposés. Tant par leur réalisation que par leur incompatibilité notoire.
Vouloir le confort de l’appartement-travail-copine et vouloir tout autant la solitude-poésie-découverte du Tout.
Ce matin, le désir de tout laisser en plan et vivre une vie qui me permettrait l’écriture sans concession et sans arrêt.
A partir sur les routes et me broyer les ailes contres mes murs d’incertitudes. Quitte à tout perdre, chercher partout ce qu’il y a à savoir. Un sac à dos plein de livres et de carnets.
Mais ma réticence intrinsèque à me mêler aux autres m’empêchera la réalisation de la découverte réelle de la société. Je resterai toujours un spectateur passager, faussement désabusé et détaché.
Dans un train, je ne sympathise avec personne (avant je le faisais, mais c’était avant d’accepter mes difficultés d’intégration). Ou alors, cas rare, je peux me lier de mon voisin, dans un excès de vouloir partager, si tant est qu’il soit capable de faire une bonne partie de la conversation. J’aime ce que l’on a à me dire. Avare de parole, j’ai l’oreille. Sinon, je reste dans mon livre ou bien j’observe. Les gens et leurs postures, leurs ennuis, leurs vies transitoires.
Apprend-on autant avec un regard et une présence détachée de tout ?
J’ai appris à écrire et maintenant je n’en démordrai pas. Je deviendrai et resterai un putain de poète. Mes idées se doivent d’être punaisées sur papier, ou bien elles ne seront pas.
J’aime regarder et écouter. Rien de plus.
Tout cela occasionne une profonde (et parfois amère) solitude errante.
D’états en états. De lieux en mouvances.
Mais j’accepte peu à peu ces choix. Et je m’y conforte avec le temps. Tout est affaire de confrontation avec soi-même.
Ce qui est appris ou acquis lors d’introspections génératrices de connaissances propres, se doit d’être écrit. Après un point, revenir à la ligne. C’est bien ça que l’on dit ?
Je me fais devoir de poésie.
Je n’ai plus de gêne à dire que j’écris des poèmes.
J’y explore différentes pistes, différentes voies où l’extrapolation permet la découverte d’univers inconnus.
Mais à vivre dans les mots, n’y perd-on pas au change ?
Lorsque je vois des groupes pleins de discussions (même si le contenu frôle souvent le superficiel de près), de rires, d’échanges, parfois je les envies, tous avec leur sociabilité facile, factice ou non.
Maintenant, je prends cinq minutes pour y réfléchir.
Et non, je ne changerai pas, je suis ma condition, je suis mes choix et obligations.
Alors, continuer d’écrire. Encore.