MyG

Rappel des faits :

Le 7 Février 2023, un laboratoire privé d’Edimbourg, composé de chercheurs anglo-saxons et scandinaves, dévoila le résultat stupéfiant de ses expériences, menées jusque-là dans le plus grand secret.
L’annonce officielle de Brad Finnan, le magnat écossais connu pour ses frasques et propriétaire du centre, fit mention d’une découverte sans précédent concernant une combinaison unique d’éléments chimiques permettant une surmultiplication permanente de connexions synaptiques ainsi qu’une exploitation et une interaction élargies des hémisphères du cerveau humain. Selon les tests pratiqués sur 41 individus, le potentiel d’analyse et de gestion de données cérébrales post-injection atteignit un taux de 23% au bout de 31 semaines, c’est-à-dire plus de 10 points au-delà de ce qui avait pu être observé chez des sujets atypiques. Cette avancée aussi fulgurante qu’inattendue par le milieu scientifique représentant un franchissement de cap majeur pour la neurobiologie et ouvrant la voie à une compréhension supérieure du rôle du cerveau sur l’organisme fut attribuée au suédois Henrik Göersberg, fer de lance de l’unité de recherche d’Edimbourg qui obtint l’année suivante le Prix Nobel de Chimie à titre posthume alors qu’il s’était suicidé quelques mois plus tôt dans des circonstances suspectes.
Après trois ans de délibérations, de reports et de débats populaires houleux, une version médicalement adaptée du myrianate de göersium, sous le nom de MyG, reçut l’aval des institutions gouvernementales et fut commercialisé dans un premier temps à des fins thérapeutiques à partir du 1er Mai 2026. Utilisé dans la lutte contre l’autisme puis contre toutes les pathologies de dégénérescence cérébrale et anomalies génétiques, ce produit révolutionnaire capable de créer une augmentation constante et de fait incontrôlable des échanges neuronaux fut initialement prescrit à des patients à lourd handicap auxquels était régulièrement administré un contre-sérum afin d’endiguer la prolifération excessive de connexions synaptiques qui n’avait fait l’objet d’aucune d’étude de cas et était alors considérée comme potentiellement létale, du moins hautement dangereuse.
Brad Finnan, à la tête du consortium Quest spécialisé en recherche biologique mais aussi dans les technologies de pointe et la communication, annonça suite à la mise sur le marché du MyG que cette découverte n’était qu’un début dans la grande aventure de la science moderne et que des équipes supplémentaires travaillaient déjà à une amélioration de la combinaison de base.
Lors des Jeux Olympiques 2028 de Wellington, le sud-coréen Lee Pang Ji-Sung, champion sortant, devînt le premier pongiste gaucher absolu au monde à remporter un deuxième titre olympique consécutif en jouant exclusivement de la main droite. Les tests anti-doping se révélèrent négatifs, ce qui n’empêcha pas le monde du sport de s’interroger sur cette performance et de mettre en avant l’inexistence de dépistage efficace du myrianate de göersium.
La même année, l’Observatoire Pharmacologique International rendit public un rapport faisant état de la situation du marché mondial du médicament neuro-développeur ; selon celui-ci, de très nombreux foyers d’économie souterraine avaient vu le jour depuis l’apparition du MyG, notamment en Europe Occidentale, en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est. Il préconisait entre autres recommandations l’exercice d’un contrôle étendu de la production ainsi que la capitale nécessité de communiquer plus largement à propos de la nature instable de l’évolution interne du produit.
Entre 2027 et 2037, la création de start-up fit un bond spectaculaire de 28 points sur l’ensemble du territoire européen et on constata simultanément un phénomène d’ascendance du même ordre au niveau de la proportion de cadres supérieurs, d’ingénieurs et de professions libérales au sein de la population de la Fédération Européenne des Etats.