Ecriture et positionnement néo-réaliste
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 Mes réveils ne sont qu’une transition infinie...

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omega-17
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MessageSujet: Mes réveils ne sont qu’une transition infinie...   Mes réveils ne sont qu’une transition infinie... EmptyMar 21 Aoû - 15:02

... & La colocation, parce que je le vaux bien


Mes réveils voient les gens vieillir autour de moi.
Le phénomène est d’autant plus atypique et étonnant qu’il semble ne pas m’atteindre. De fait, il me rend triste. Etre privé d’évolution dégénérescente, d’accessit à la sagesse consacrée et surfaite, du souvenir bienveillant d’une époque où les choses n’avaient pas la même valeur : la satisfaction par défaut qui est mienne, celle qui résonne avec acceptation sans condition. Je n’ai pas la prétention de l’intemporalité car toute vérité n’a rien de prétentieux, elle aussi se suffit à elle-même. Mon évolution stagne au stade terminal, le compteur est bloqué, la décision est sans appel : condamné à l’intangibilité, le temps m’épargne. Le sprinter, bien après la déflagration, est resté dans les starting-blocks. Les années qui font peu à peu ciller les envies et mettent à nu l’évidence de la proximité finale ne sont en moi qu’anecdotes sans effet, l’expérience engrangée n’altère que superficiellement mes positionnements, j’observe les mutations extérieures sans les constater au sein de mon propre cheminement, mes réveils ne sont qu’une transition infinie. Transition entre deux inconnues que je ne veux pas connaître, no man’s land à l’immensité tantôt jouissive dans le flottement qu’elle procure, tantôt désespérante dans l’invulnérabilité dont elle fait preuve mais toujours vecteur d’éternelle introspection.

Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre et voir.
Quoi d’autre… ?

Mes réveils voient les mêmes murs blancs.
Immuables cadres des gestes programmés auxquels je rajoute parfois quelques intrusions de conflits prémédités par facétie, par désir d’animation en espérant probablement qu’ils échappent à l’affligeante prévisibilité. En vain le plus souvent. Des gestes programmés jusqu’aux mouvements plus ou moins aléatoires de mes dix appendices sur les vingt-six cases mates, jusqu’au bruit de centrifugeuse de mon confrère Nespresso qui me guette de son unique orbite vert, jusqu’au jazz anachroniquement hors sujet émanant de la chaîne aux rotatives cliquetantes. Jusqu’à l’émiettement des radicaux libres du paquet d’Ajja - 17 bien sûr, pour un énième rappel de ma condition -, jusqu’aux enfants qui piaillent dans le couloir et qui seront un peu pris de court lorsqu’un homoncule chevelu et à moitié nu fera son apparition l’air mauvais dans l’encadrement de la porte, jusqu’à mes allers-retours au pays des moulins à fleurs pour y chercher le kérosène artificiel mais probant de mes aériennes réflexions et jusqu’au lot hétéroclite de mes entreprises quotidiennes puisées au réservoir de mes façades d’occasion. Le contexte et l’environnement seront évidemment aptes à changer, ma perception de ceux-ci, quant à elle, ne notera aucun frémissement. Cette absence de propension à la réaction profonde en fonction des évènements n’est pas une utopie de l’auto-considération, elle est résultante des caprices du déterminisme ou plutôt un simple fait ontologique ; aller plus loin dans l’analyse se révélerait stérile. Je la chéris et m’en couronne puisque je n’ai d’autre choix que d’apologiser sur cet état intime qui reste ma seule véritable définition.

Maintenant, il ne reste plus qu’à continuer.
Quoi d’autre… ?


Changeons de registre.
10h57 n’est pas une heure adéquate pour se perdre davantage.
Précisément quand le manque vous fait déjà transpirer.


L’un de mes trois colocataires est un chat.
En vérité, il ne ressemble à rien d’autre qu’à un chat. Je trouve cela fort dommageable pour lui car non content de ne pas se distinguer particulièrement par rapport à ses alter ego, il tend à prendre la forme d’un filet mignon avec deux oreilles au bout. On observe également ce genre de mimétisme de boucherie chez le basset artésien. Un animal remarquable par son potentiel lymphatique et je ne serais pas étonné d’apprendre que la population détenant un tel spécimen se suicide avec plus de persévérance que toute autre. Effet secondaire pour lequel chaque homme lucide devrait remercier ledit canidé. On peut également s’apercevoir, dès lors que l’on cohabite avec un prototype de felix domesticus, de la stupidité opiniâtre qu’il déploie avec force énergie. L’indépendance comportementale et le caractère indomptable qui, selon l’acquis populaire, le dissocient du chien se résument finalement à une instinctive récurrence d’attitudes aberrantes : ce chat donc, affublé du nom de Gimli et dont l’ignorance lui interdit de saisir la référence tolkienienne de son sobriquet, est capable, à l’aide sa fameuse intelligence supérieure, de se faire compacter l’encéphale sur le carrelage et de voler brièvement sur une distance de quelques mètres sans pour autant saisir que mordiller en permanence ma chaussette ne lui rapportera que des ennuis. Un vulgaire labrador aurait rapidement compris que cette activité était suffisamment exaspérante pour le propriétaire de la chaussette pour qu’il subisse les regrettables conséquences de son geste.
Le chat, non.
Parce qu’il est plus subtil, évidemment.

Un autre colocataire partage mon espace vital en qualité de rat.
Je ne crois pas qu’il soit très pertinent d’en parler de manière développée puisqu’il n’y a que peu de choses à préciser à son endroit si ce n’est qu’il se nomme Hank, référence littéraire tout à fait inutile là encore de son point de vue, que son hobby principal est de s’accrocher au grillage - mimétisme du lémurien, je présume - en attendant que quelque chose ou quelqu’un passe à sa portée pour le mordre jusqu’au sang et qu’en conséquence plus personne n’ose lui donner à manger, ce qui ne réduit aucunement sa rage et son envie de meurtre. Le chat, prouvant une nouvelle fois son inconscience et à sa crétinerie, s’en approche plusieurs fois par jour dans le but de se faire arracher quelques poils et nul doute qu’il parviendra bientôt à se faire défigurer dès que le premier, poussé par la famine, fera voler en éclats les barreaux de sa cage pour lui régler son compte. Eventualité qui plongerait mon troisième colocataire dans une tristesse sans fond et qui me permet d’effectuer la transition vers celui-ci.

Famille des hominidés, de sexe faible, détentrice du manuel de calcul Weight Watchers.
Un bon moyen de savoir qu’un cassoulet vaut pour 15 points, une pomme de terre au four 1 et qu’il faut en comptabiliser 5 pour 100g de canard cuisiné. Tout en se remémorant qu’on a droit à 22 points par jour et que, à l’image des minutes SFR, si on n’utilise pas tout : ON PEUT REPORTER SES POINTS SUR LE JOUR SUIVANT. On peut même économiser toute une semaine en évitant les desserts pour remporter la part de frangipane le samedi. Génial, non… ?
Je crois sincèrement que l’harmonie du couple y gagne si le type truque la sensibilité de la balance toutes les semaines. Mais attention, il faut que ça soit bien fait, crédibilité oblige. Elle y croit mais quand même, 6 kilos en 10 jours, aussi talentueux dans le jeu d’acteur que l’on puisse être, ça passera difficilement. Le mieux est de tester sur soi avant.
- Le type de colocataire qui dénonce vos tas de linge sale que vous avez savamment classés par ordre croissant de répugnance dans chaque pièce et qui ignore tout de votre ingéniosité.
- Qui laisse des paquets vides de Petits Ecoliers sur le plan de travail de la cuisine en annonçant le soir dans son jogging Carlos comme on déclarerait le début d’un nouveau conflit armé au Moyen-Orient : « Lundi, je commence le régime. Cette fois, c’est sûr parce qu’avant j’étais pas en état mais lundi, c’est parti, je le fais. » Ne pas hésiter à ironiser.
- Qui critique votre temps passé à exprimer avec brio et intelligence votre talent de stratège militaire sur divers jeux de gestion informatisés alors qu’il s’acharne à télécharger de nouveaux objets Sims pendant les heures de bureau dans le but de décorer des maisons avec un porte-serviettes mauve au lieu du blanc standard.
- Le genre d’individu qui a trouvé très fin de soutenir sa thèse de fin d’études en psychologie en choisissant comme sujet « Les rapports à la famille dans les albums de Tintin ». Si vous lui demandez pourquoi, elle vous répondra que personne ne l’avait fait avant. Il y a une raison à ça, à mon avis.
- Qui écoute du jazz, se fait passer pour une inconditionnelle de Chet Baker en plaçant son album de Kyo en bas de la pile.
- Qui expose ses bouquins freudiens et ses Dan Fante, le Zeller invisible derrière la rangée.
- Qui achète des comédies musicales en DVD mais qui a toutes les saisons de Dawson en coffrets collector.
- Qui affirme sans broncher « Non, maman, je ne bois pas et je ne fume pas. » après avoir brassé de l’air avec ses bras toute la matinée en répétant inlassablement « Ouuuuhhlllaaallaaa, hihihihi, MORT DE RIRE… !!! Y a des mouches partout, c’est trop bizarre... Lance tes bras, tu vas voir, c’est bien. », le cœur en tachycardie permanente et dotée des yeux d’une chouette malade suite à l’ingestion de champis coupés au Chivas.
Bref, quelqu’un de paradoxal comme tout être moderne et respectable.

Synthèse : un chat niais, un rat serial killer, une femme passablement névrosée.

D’où l’étrangeté de mes productions.

Qui méritent l’indulgence et les hourras des lecteurs biens portants.
Comme ceux des autres.

Vaste programme.
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