La môme dépressive
Se ronge les veines
A la lueur des cris
Le passé est son quotidien
Peuple de démons maniaques
S’attaquant aux abris de paille
Dans ses fantasmes
Elle est l’errante anéantie
La fille sans pays
Elle désire ses pas dans le vide
La môme dépressive
Maltraite son âme
Prend des bains de réminiscences
Elle ne sait pas nager
La môme dépressive
Vide son corps
D’un trait
La môme dépressive
Est une illusionniste sans illusions
Elle marche dans un scaphandre
Ses larmes ont le goût
De la cendre dispersée
Je lèche ses yeux
Comme on soignait une plaie
La môme dépressive se masturbe
En se répétant qu’hier
Est un nouveau jour
Elle baigne en draps sales
Les doigts jaunis
Elle vit la tête sur un coussin
D’air frais
Elle pose face aux vitrines enfumées
A compter les kilos
Qui la maintiennent debout
La môme dépressive
Gerbe ses souvenirs
Dans la cuvette des toilettes
En psalmodie de mots qu’elle n’écrit plus
Ses noirceurs sont intrinsèques
Elle marche entre les ombres squelettiques
Mais
La môme dépressive
Ne mourra pas aujourd’hui / ni demain
Elle attend les suivants
Pour chialer encore
Ses bassines de sang
Les mots tus
Sont ses obsèques quotidiennes
Que ses enfants tairont
Des masques dans les oreilles