La môme ovipare
Se shoote aux bombes lacrymo
Rampe sous les barrières
Tailler des pipes aux CRS
« Crache-moi sur la gueule enfoiré !
Allez, crache-moi dessus putain ! »
De dose en dose, de rue en rue
Elle court le bitume pieds nus
Rongés par les caillasses et les mégots
La môme ovipare
Dans la main droite un cocktail Molotov
Dans la gauche sa clope
Lui brûle les doigts
Elle chiale des larmes en forme
De statues staliniennes
Sur le parvis de l’église
Elle laisse un homme
Se branler face à elle
A jouir sur ses seins blancs
La môme ovipare vibre
Aux rythmiques saccadées
Des matraques serviles
« Baise-moi salaud
Montre-moi tes couilles »
Les sexes ne sont plus
Que des balles perdues
Dans les nuits sans fin
Jusqu’à éradication des idéologies
Qui ne crèvent pas par l’ordre
Mais avant tout commencement
Dans les cerveaux non éclos
La môme ovipare
Se fait bronzer aux carcasses en feu
« Je ne pourrai pas emmener mes gosses à l’école
- De toute façon tes gosses ils sont déjà morts »
Une hirondelle se consume
Au-dessus des toits
Les saisons qui se perdent avec elle
La môme ovipare
Rêve d’une garde-à-vue
Afin de gueuler plus fort encore
Sa haine irréelle
Mais ses cris se noient
Dans les hurlements des sirènes
L’Ordre frappe les idées mort-nées
L’alcool dilué fera disparaître
La môme ovipare
Dans une arrière-cours lugubre
Une bite dans le ventre