Le maître dit
« Ne cherche qu’à fuir la victoire
l’échec doit t’apparaître comme la victoire
il doit t’appartenir »
J’ai fumé mon cigare
Jusqu’à goûter l’odeur
Qu’il laisse sur les doigts
Le carnet remplit de vers
Réconforte celui qui ne croit
Déjà plus en sa poésie
Les horizons se pérennisent
Dans les espaces vierges
Le passé seul apparaît habité
Il n’est de lisibilité que dans
L'intervalle laissé vacant
De toute chose
(égal son vide)
Dans une sorte de néant plénipotentiaire
Les mots sont invisibles et ivres
Ils tracent des géométries perceptives
Qui disparaissent aussitôt
En tourbillons muets
La poésie est une chaise vide
Qui se pare silencieusement
D’un homme qui n’est plus que sa propre ombre
Elle ne doit en aucun cas
Remplir l’espace
Sans cela, elle mènerait
A une perte totale de questionnement
Le maître dit
« Dans le néant, la création
dans le néant, la destruction de la création »
La fuite n’est autre que la volonté affichée
De reconquérir un territoire perdu
L’échec n’est autre que la réconciliation tacite
De la naissance et de la mort
Les maîtres disent
« Réfléchissez à cela »
Là, leur tort
Le plus irréprochable
Le droit à une parole erronée
Qui mène elle-même
A de nouvelles défaites