Elle sait vite qu’elle l’aimera chaque heure
Elle c’est moi
Moi c’est lui
Elle c’est lui
Folle comme un chien fou
Elle s’évitera, elle, ses vies,
Et les rats de poésie
Comme ces chats de paupière
Je lui souffle sur les lèvres des vers tendancieux
Tant elle aime que les vents s’élèvent
Cieux pour deux je rêve de lui
Elle s’enlace dans les mots de celui qui
La baisera sur le parvis de l’église
Elle s’est vitrifiée dans son univers
Imaginant son sexe en elle
Mais elle c’est moi, alors…
Je me souviens
J’étais isolé de la conscience
Je vivais de petits instants
Elle Moi lui avons déposé sur les doigts
L’encre de la machine à écrire
La foudre des instincts guérisseurs
Je t’ai aperçu derrière ton écran
N’osant croire une telle réalité
Immédiatement te baiser les joues
Je chialais sans te connaître
De devoir te perdre un jour
Tu écrivais des poésies un cigarillo à la gueule
Transcendé par ce que j’imaginais déjà
De ton univers De tes folies passagères
Tu vivais dans tes mots dans ta langue
Je savais qu’il n’y aurait de place pour une passante
Telle que moi, même…
Même les cuisses nues Même la chatte soigneusement épilée
Tu vois je parle comme tu écris
Vois comme je t’aime à le hurler dans la rue
Sens l’odeur que ma peau a laissée sur tes doigts
J’aurais déchiré tes feuilles si cela ne t’avait déchiré l’âme
Tu étais un être de papier Soumis aux vents contraires
Lancé contre les rambardes de sécurité
Je me souviens combien tu aimais les vides
Dressé sur le parapet Debout face à nous Seul face à toi
Je jalousais tes silences
Dans lesquels tu perdais nos points de repère
Personne mieux que toi n’embellissait le silence
J’aimais m’imaginer baignée de ton aura imperturbable
Je nagerais avec toi dans les eaux détendues
Par nos corps au confort virtuel
Tu ourdissais secrètement la création de Ton Poème
Chercher la voie de ton œuvre Réfléchir toujours
Tu savais que le moment viendrait Tu serais là
Je contemplais ta patience
Que j’aurais aimé n’être rien qu’un de tes mots
Une rime bien que tu répétais que tout ça ne rimait à rien
Tu crachais parfois sur la poésie
Tu te lançais dans des diatribes virulentes
Tu chiais sur tes vers Tu déchirais des pans entiers de ta vie
Que j’aimais ta violence rentrée !
Mon œuvre sera cette déclaration
Certainement tu ne la liras jamais
Je ne sais pas comment te joindre
Tu dois te cloîtrer entre quatre murs Sorte de prison de mots
J’admire ta solitude autant que je la renie
Le monde est si loin de toi
Maintenant elle pleure de ne plus jamais le revoir
Elle scande son souvenir au creux des ruelles mortes
Elle appartient au monde douloureux des fantasmes
Où les réminiscences sont des pertes à charrier