Ces guerres seront incessantes.
Tant que le mot se débattra, englué dans le marasme hideux et tentaculaire de la race humaine.
Tant que quelques uns se lèveront pour assurer sa ligne de défense.
C’est ainsi.
Vous concevez cette récurrence ?
Elle est cyclique…
Spiralée…
Et une spirale ne possède aucunes extrémités, seulement un centre.
En ce centre vous porterez vos coups.
Intensément.
En faisant preuve de la même régularité que celle qui est manifestée par vos ennemis.
Avec l’énergie de la fatalité, peut-être…
Mais c’est ainsi.
L’acharnement dans la conviction.
Rien ne pourra vous satisfaire plus pleinement.
Et vous détruire tout aussi sûrement.
Se scandaliser ne servira à rien.
Vous avez choisi.
Je ne vous ai fait aucunes promesses.
Rappelez vous…
Tout a un prix.
Les mots n’échappent pas à cette règle.
Vous tendrez vers une certaine forme de destruction, c’est évident, et elle progressera en vous…
Elle sera votre compagne, votre muse et votre sublimation.
Ne riez pas.
C’est elle qui se moque de votre approbation.
Elle vous dominera, guidera vos pas, aiguillera vos réactions.
Et ceci en toutes circonstances.
Vous n’êtes pas en position de choisir votre trajectoire.
Débarrassez vous de cette illusion.
Elles ne pourra qu’accélérer votre chute.
Et vous mourrez.
Sans vous en apercevoir.
Observez encore.
Observez ces troupeaux qui déambulent vers la lumière d’un phare, ces meutes ensanglantées de créatures sinistrement hagardes.
Vous voyez ?
Ils sont morts.
Seules les gravures sur les tombes manquent encore mais cela ne saurait tarder.
Si vous êtes encore animé par le frémissement de toutes choses, vous ne serez pas des leurs.
Vous n’aurez alors d’autres alternatives que celle d’être distinct et dissocié du restant.
Là encore, cet état ne sera pas de votre fait.
Il sera induit par le cours des choses.
Vous n’aurez donc pas à alimenter un quelconque sentiment de culpabilité.
Détachez vous de toute comparaison et de tout lien vis-à-vis de cette communauté dont vous ne faîtes désormais plus partie.
Votre perception des statuts en deviendra claire et dénuée des brumes de l’incompréhension.
Inutile de vous interroger.
Vous saurez si tel est le cas.
Vous décèlerez aisément la haine sordide ou l’indifférence hautaine dans le regard du passant.
Mais aussi l’intensité complice et entendue dans celui de ceux qui partagent votre condition.
Vous n’aurez que peu d’alliés dans cette quête qui doit vous mener au sens du mot.
Et au votre.
Faites au mieux pour les conserver à vos côtés.
Cette alliance vous servira, comme elle servira le but commun.
Elle ne rétablira pas l’équilibre - vous vous en doutez - , loin s’en faut.
Mais elle bâtira en vous un concept ultime qui est issu de tout ce que l’existence peut compter de plus grands sentiments humains.
L’idée d’appartenance.
A vous seul, vous serez démultiplié.
Lorsque vous parlerez, un concert de voix s’élèvera.
Lorsque vous agirez, une foule emboîtera votre pas.
Lorsque vous penserez, une lumière vous envahira.
Vous serez grand.
Et vous partagerez cette grandeur sans que celle-ci ne s’en voie altérée.
Vous serez un et vous serez l’infini.
Vous serez le tout et vous serez le vide.
L’alpha et l’omega.