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 Rester étanche : Etre Téflon - I

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Traffic
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MessageSujet: Rester étanche : Etre Téflon - I   Rester étanche : Etre Téflon  - I EmptyMer 4 Avr - 21:02

La vie est mal faite, que l’on ne puisse rendre au centime près les saloperies que l’on nous a faites, ça aurait évité d’avoir des débiteurs ou des créanciers.

Pour ma part, j’avais entendu parler du truc qui marchait encore le mieux dans ce cas de figure : Etre Téflon.

Ca fonctionnait à tous les coups d’après le type du bouquin. Vous pouviez avoir été le pire des salauds ou pris pour le dernier des abrutis (pas the last but no least, non, non le vrai dernier, celui du bout de la file qui se tourne quand même pour repasser le truc mais avec la stupéfaction de s’apercevoir qu’il n’y a vraiment plus personne derrière), ça restait la même chose, Téflon.

Pour ceux qui auraient encore un doute à ce moment de la lecture, je tiens à faire un petit aparté concernant la définition de ce terme là :


Téflon, nom masc. : Matière plastique aux propriétés de robustesse et anti adhésive exceptionnelles.

Voila. C’était bien ce que vous aviez cru comprendre. Mais glissons vers la suite. C’est de circonstance.


Au bout d’un certain nombre d’années, j’étais arrivé à un stade où j’avais fini par perdre pied avec tous les reliquats que je devais à droite, que l’on ne me rendait pas à gauche, c’était une comptabilité épuisante. Je me demandais dans quelle proportion, les êtres humains estimaient leur intérêt à rester en compte les uns avec les autres. Un petit décalage existentiel dans le parcours terne de la chronique de l’ennui de l’être lambda ? Les bons comptes font les bons amis. Apparemment, il ne tenait pas à rester ami.

M’être rendu dans un entretien obligatoire d’accompagnement à l’emploi une fois de plus stérile m’avait rendu dubitatif sur les adéquations et leur domaine d’application. En général, ceux qui sont amené à être désignés pour subir un accompagnement à l’emploi sont ceux qui le fuient trop bien. Des circonstances parfaitement identifiées par la vengeresse ANPE qui les désigne du coup pour aller voir de braves conseillers professionnels, sans doute des humanistes, qui prennent pitié d’eux dès qu’ils s’aperçoivent qu’ils ne veulent pas travailler, et qu’ils ont de parfaites raisons pour ça. D’abord, ces êtres peu concernés par l’idéologie du travail sont payés à ne rien faire par les Assedocs, donc pour ceux qui n’ont pas de gros besoins, un dans l’autre ça le fait. Ensuite résonne toujours en eux l’évident effroi de recommencer à se lever tôt pour aller se faire chichi dans des boulots ineptes, dans des milieux superficiels et creux pour au bout du compte constater les facteurs déplorables de l’augmentation de la névrose, des crises de nerfs passagères ou alors, l’ennui total, l’absurde, l’absence de vie concrète et l’observation méticuleuse et chaque jour renouvelée des tenues vestimentaires et sous vestimentaires des secrétaires de l’accueil, ces êtres hybrides porteurs de fantasmes inopinés mais également de l’abjecte représentation de la fascination pour les chefs d’entreprise ainsi que pour les technico-commerciaux puants qui se promènent en Weston et chemise Agnes B.

Le phénomène d’empathie qui s’amorce dès lors à la prise de contact entre les candidats à la recherche d’emploi et ceux qui sont censé les diriger vers la voie de la raison apparaît sous cet éclairage parfaitement compréhensible.

L’accompagnement à l’emploi, une belle fumisterie. Un phénomène de société comme le Rubik’s Cube, le saut à l’élastique et les coupes de cheveux péroxydés pour mecs en leurs temps.

Néanmoins comme la vie nous réserve des surprises de temps à autre, j’avais croisé en ce lieu dont la stérilité était la première caractéristique une nymphe aux résonances esthétiques avérées qui m’avait révélé son absolue volonté, que dire vocation, à travailler quoiqu’il lui en coûte dans le domaine des aquariums. Elle avait du visiter le musée Cousteau à trois ans, forcément on a du mal à s’en remettre. N’ayant pas pris ma calotte rouge, et oui, on ne s’attend pas forcément à ce genre de confidences au quotidien, je lui avais quand même glissé que mon signe zodiacal était le poisson. Cette information valait ce qu’elle valait mais vous savez des arguments plus branlants qui avaient fait mouche, on en avait plein les tiroirs.

Elle avait sous doute trouvé mon humour so cute, oui elle avait de séduisantes origines anglaises, rouquine, avec des petites nattes, des flotteurs plutôt développés (normal pour une féru des ambiances aquatiques), enfin vous voyez le genre. Et c’est tout à fait le mien.

Elle se prénommait Elzebeth et moi c’est toujours Maxime. Oui oui, nous nous sommes déjà parlé. Effectivement, il m’en arrive des choses, entre la vieille du Proxi qui se décide à rendre son âme inutilisée, encore emballée dans son sachet plastique mais plus sous garantie, dans les étagères de spiritueux et ma nana qui se barre sans une once de scrupule devant mon inadaptation à l’existence chronique, il fallait bien qu’une mesure drastique me vise concernant mon inefficacité dans la recherche d’emploi. Il y a des années comme ça où quand ça ne veut pas sourire, on a tout intérêt à éviter les miroirs.

J’avais enchaîné du signe zodiacal à ma passion pour les ammonidés et si vous vous souvenez, vous n’êtes pas sans ignorer que le visionnage de documentaire en après midis désespérants est un domaine duquel je rejaillis de manière particulièrement saillante. J’avais trouvé un point d’accroche formidable sur notre admiration commune pour le céphalopode et un homme un peu sévère qui essayait de faire fonctionner un ordinateur à trois mètres avait fini par prévenir l’accompagnateur à l’emploi que l’ambiance devenait aqueuse dans le coin. J’avais demandé son numéro à Elsebeth et je m’étais cassé de ce lieu agonisant pour rentrer chez moi voir si cette rencontre changeait un peu l’ambiance délétère de mon appartement toujours aussi bien rangé.

Aussi surprenant que cela puisse apparaître, en fait oui. Depuis le départ de Marjo, j’avais abandonné tout espoir de retrouver une copine au vu de ma difficulté à occuper des espaces et des moments. Ce n’est pas que je fus une personnalité dénouée d’envergure mais je n’arrivais pas à me mettre dans la tête que les temps avaient changé, que je prenais de la bouteille et d’ailleurs dans les deux sens, que je n’étais pas une denrée rare. Des égarés de l’existence entre deux recherches sans vraie détermination autre que leur propre protection, il y en avait des millions. On pouvait piocher dans toutes les catégories, une petite parano était distillée de haut en bas et faisait le chemin inverse en réponse. Je persistais à vouloir faire comme si de rien n‘était, il y avait de plus illustres désoeuvrés qui avaient tenu le choc. Qu’ils en aient ressenti une grande satisfaction, je n’en étais pas sûr. Qu’ils n’aient jamais abandonné l’idée de la lutte contre une perfide corruption, c’était évident. Pourquoi ça m’interpellait de la sorte ? Par posture, par conviction, par constat. C’était drôle comme la moindre perspective de développement d’une nouvelle dynamique m’amenait à reconsidérer les éléments immuables comme les simples morceaux d’un puzzle. Evidemment, c’était de la même manière que j’avais déstructuré si régulièrement mon existence. On l’est ou on ne l’est pas.

J’avais composé le numéro d’Elzebeth en me demandant si cette action fort simple avait la moindre chance de me mener quelque part. Mais les appels téléphoniques ne laissent jamais grand temps de concocter une introspection dévastatrice et j’avais entendu sa charmante voix me répondre de façon enjouée. Mon appel était attendu. Disons qu’il n’avait pas été appréhendé comme un challenge de l’évitement. C’était déjà un petit revers pour l’œuvre complète de ce sordide individu qui se tapissait dans l’ombre pour me pourrir l’existence. Le jour où j’allais découvrir de qui il s’agissait, ça allait chier grave.

Nous avions convenu de nous voir le lendemain après-midi chez elle. Elle m’attendrait vers 17 h pour prendre un thé. Moi je prévoyais quand même d’apporter un pack de 6, elle était peut-être timide. C’est vrai, si j’étais une fille, je me serai mal vu inviter un inconnu chez moi en lui disant on se fait un pack de Leffe et on s’envoie en l’air derrière. Déjà en garçon, j’avais toujours eu de petites réticences à agir ainsi. Et surtout je m’étais aperçu que ce n’était pas stratégique. J’avais un jour abandonné ce schéma pour me contenter de graviter autour de propositions de la part de ces éléments féminins qui me laissait juste la tâche de dire oui sans conviction tout en attendant de voir si on finirait par sortir ensemble. J’avais l’envergure stratégique d’un Jean Claude Dusse et l’apanage d’un demi Judas. C’était encore ce que je pouvais espérer de mieux dans le monde moderne.

Elle était toujours aussi so cute à mon arrivée. Elle portait une tenue d’étoffes toutes en frou-frou et en lacets en haut et ça faisait clignoter son buste. Une jupe serrée soulignait son cul avec un tas de points d’interrogations autour. Spectacle ou présentoir ? J’étais venu pour miser et j’allais jouer avec toutes mes cartes, celles planquées dans ma manche seraient sans doute les meilleures.

« Bonjour Maxime
- Salut Elzebeth. Alors as-tu réussi à trouver un tuyau pour déboucher dans les aquariums ?
- J’ai eu un rendez vous avec un type qui a l’air de connaître du monde dans le milieu. On a rendez-vous demain soir pour étudier mon profil.

Son profil, hum. On le voyait de loin. Elle ne le cachait guère à vrai dire. Apparemment on était plusieurs à vouloir l’examiner de près. C’était une occupation qui promettait d’être prenante. Je n’aurai jeté la pierre à personne.

- Génial ça. Tiens je t’ai porté des fleurs.
- Ah. Merci. C’est une coïncidence ça. Jean Paul est fleuriste aussi.
- Jean Paul ?
- Oui le garçon que je dois voir demain pour le boulot. Tu verrais sa boutique. Elle est merveilleuse. J’y suis allé hier matin pour acheter des fleurs pour ma grand-mère. Il m’a donné des conseils vraiment sympas concernant l’engrais des plantes grasses.
- Ah les plantes grasses. C’est un domaine passionnant. Presque autant que les aquariums je dirais.

J’étais du signe du poisson et peut-être qu’en astrologie aztèque, j’étais de celui du cactus mais là je n’arrivais pas à me donner l’air détaché qui m’aurait permis d’en faire un atout. Je jetais un regard à la décoration du petit appartement de la jeune femme. Il y avait de grands posters sur les murs représentant des requins citrons, des méduses bariolées, des dauphins en forme de cœur et pour l’humour sans doute un calamar psychédélique dont les yeux lançaient des éclairs et dont les huit pattes en suspension semblaient créer une attente de chute finale apocalyptique ou hilarante. Elle ne m’avait pas menti. C’était vraiment une passionnée. Le sujet étant quand même loin d’être ma tasse de thé, je lui suggérais d’en prendre un. De thé. Elle riait en me regardant admirer son environnement pictural.

« On est dans le monde du capitaine Némo, tu trouves pas ? «

Technique Maximienne en mode on.

« Oui »

Ca a l’air débile comme ça mais ça marche parfois. Si, si je vous assure.

« J’ai mis plusieurs années à regrouper tous ces posters. J’en ai plein d’autres dans un placard.
- Ah oui.
- Je te les montrerai si tu veux.
- Oui, oui volontiers.
- Tu veux un thé ?
- C’est super gentil. Oui j’en veux bien.

Elle est partie vers un coin kitchenette en ondulant et moi je regardais ce déplacement, rêveur. Je ne devais plus que songer à éliminer le fleuriste de l’environnement de cet être ainsi que l’ensemble de la population masculine mondiale, attendre de laisser mijoter les perspectives d’extinction de notre espèce se former dans l’esprit de ma si charmante britannique et récolter les fruits de mes efforts.

« Cannelle ou orange ?
- Comme toi.
- Alors cannelle.

Elle est revenue s’asseoir. Je sentais comme un petit vide entre nous. Je devais chercher à le combler, c’était un peu normal puisque j’étais le garçon.

« Il est sympa ton appart. »
- Oui.

Raté. En général, c’est un bon début mais bof. Elle avait l’intention que je sois un peu plus pertinent.

« Tu as déjà fait du cheval ? «

J’avais créé une légende dans mon esprit comme quoi les gens avaient un rapport à la pratique de l’équitation ou à cet animal noble qui leur permettait d’exprimer de longues idées avec lesquelles il était difficile de ne pas être d’accord. C’était plus compliqué avec la politique et la religion.

« C’est marrant que tu me racontes ça. Franchement. Je ne me suis jamais vraiment intéressé aux chevaux mais hier en discutant avec Jean Paul, je te promets, il m’a invité à aller découvrir un haras que tient un de ses meilleurs amis.»

Ah ben lui, il avait en plus des amis. Ca devenait compliqué de jouer. Fallait que je me serve de mon concept Téflon dès le premier rendez-vous. Ou bien ce serait une vraie boucherie.

« C’est moyen les haras. On y croise beaucoup de faux cavaliers.
- Apparemment, il y a une école d’acrobatie équestre dans celui-ci. Ca a l’air intéressant. »

Acrobatie équestre. Les gens s’acharnent à explorer des voies d’une incongruité vertébrale. Et puis ça marche. Le vide a trop pris de place dans nos existences. La pluralité a détruit quand même les valeurs binaires existentielles. A moins que je ne sois incapable de les appréhender dans un détachement harmonieux. A moins que le vaste complot de l’humanité n’ait jamais finalement cessé de me plomber.

« Il est bon ce thé.
- Oui. C’est le meilleur thé. Il est cultivé sur les plaines du Tibet. C’est un produit d’agriculture équitable.

Je me demandais s’il était intéressant de dire que je portais parfois un bonnet rayé à la péruvienne par grand froid ou si finalement j’allais apprendre juste derrière que le fameux Jean Paul, rival identifié, lui se déguisait à chaque chandeleur en dragon inca avec ses huit cent amis pour le financement de petites plantations de thé au pied du Fuji Yama. Je me contentais de dire :

« Oui. J’en prends aussi.
- Moi je ne suis pas très convaincue par les associations caritatives mais le commerce équitable me semble une bonne solution.

A la limite, je préférais les discussions sur les ammonidés.

« En tout cas, on peut pas dire que ce soit du mauvais thé. »

Limite transpiration à la Jack Bauer. Il faut que je me détache parfois des ressentis extérieurs. Ca me fait des blocages d’une pénibilité avérée. Elzebeth me regardait de son petit air interrogatif qu’ont les filles quand elles se demandent à quel type de gars elles ont affaire. Moi, c’était bien ce qui me rendait la tâche complexe. Je ne voyais pas vraiment à quel type de garçon j’appartenais. Peut-être aux gentils. Peut-être aux décontractés. Peut-être aux désoeuvrés. Peut-être aux problématiques. Peut-être aux rêveurs. Peut-être aux étanches. Peut-être aux légèrement triste. Peut-être à ceux qui y trouvent du plaisir. Il y avait une chose qui nous reliait tous à nous les mecs, c’était l’envie de faire des bisous sur les jolis seins d’une demoiselle, l’envie d’y mettre notre pénis et après on assumerait si il sortait quelque chose de son ventre au bout de quelque mois. Je me mettais à leur place aux nanas, c’était super compliqué de trouver lequel allait avoir l’honneur de se désespérer à leur côté. L’époque a permis les tentatives multiples. On ne peut pas dire que ça ait été une belle avancée.

« Et tous ces poissons, ça te donne pas envie d’aller à la piscine ?

Je me suis souvenu que j’avais remis la main sur un bonnet de bain sous un tas de vieux magazines télé chez mois.

« J’adore les piscines. Mon ex avait une piscine en forme de S chez lui. J’y passais tous mes étés. Lui c’était plus le genre Tom Cruise dans Cocktail, il organisait pas mal de fêtes l’été sur la terrasse. Quel beau mec, un peu puéril. Nous sommes resté très amis. »
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