Tu vois mec, je suis assis dans ce bar sur le cuir noir. Un verre de blanc. Une cigarette.
Est-ce ainsi que je dois écrire. Que je peux le faire.
Je me fous des sabliers en décor. Tout minuter. Tout agencer.
Pour que tout soit parfait.
Je fais au mieux que l’esprit s’enivre que les mots se plaquent sur l’écran.
Un besoin ou des images d’écrivains ?
Imiter les modèles tout en fuyant les ressemblances.
Je me vante de différentiation, dissociation dirait un certain. Alors que mon admiration pour quelques noms me pousse à un dérisoire mimétisme.
Je n’écris plus sans cendrier. Je n’écris plus sans un quelconque assemblage décoratif.
Parfois sortir de chez soi pour trouver une autre inspiration. Sortir du commun. Fuir en quelque sorte son quotidien.
Les habitudes qui sont pourtant toujours présentes.
De plus en plus ce désir d’écrire. Vouloir faire différent. Mieux.
L’alcool qui monte déjà à la tête. Le premier verre. Le meilleur.
Oublier les discussions autour, comme toujours, faire vœu de silence malgré l’agitation. Rester seul avec soi-même et sa poésie.
Bouffer les amuse-gueules par poignées jusqu’à la gorge sèche.
Aujourd’hui j’ai envoyé mon premier recueil pour une bourse. 3100 euros c’est pas rien. Quitte à être lu autant que ce soit rémunérateur. Sinon autant écrire pour soi. Je ne cherche pas la gloire, juste une simple reconnaissance, l’assise du publié. Piètre récompense. Mais tout est si maigre.
De nouveau cette envie de quitter la sécurité pour me vautrer dans la création. Envie de peindre de dessiner d’écrire. Mais le temps manque.
Tout coule. Le défilé du temps effrayant.
Je me bats contre moi-même. A imaginer les événements à suivre. Les nouvelles défaites. Les échecs modelés par les faits.
Le monde s’agite les hommes ont perdu le sens des réalités. Nul droit d’être poète sans occasionner les rires et les mépris de marginalisation.
Vers quel avenir se dirige-t-on ?
J’ai vu Bohringer au salon du livre de Paris. Mutisme. Gorge nouée. Se sentir petit. Des livres qui monopolisent l’esprit. Un homme vrai qui écrit ton prénom sur une page d’un livre. Ce n’est rien. Pourtant c’est tellement.
Je maigris un temps pour me retrouver plus fort plus tard.
Dans le bar les gens se saluent se sourient que suis-je dans mes silences.
Herman Hesse décrivait l’état dans lequel se trouve le poète. A se croire supérieur, à s’autoriser cet air de j’écris donc je suis meilleur. Alors qu’il n’en est rien. Il le sait il le dit. On n’y échappe pas. Reste à mesurer l’écart entre nos premières convictions et la réalité.
Nous ne sommes pas supérieurs. Nous sommes présents.
Reste cette volonté propre de vouloir s’imprimer sur les registres des âges.