Ecriture et positionnement néo-réaliste
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 Sur tous les fronts III

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omega-17
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MessageSujet: Sur tous les fronts III   Sur tous les fronts III EmptyJeu 8 Mar - 10:32

Règle n° 3 : Agir en silence


Antoine Dessel et quatre interlocuteurs
Paris, 5 Juin 2029
09h09

« Je ne vois pas l’intérêt de cette mascarade. La convocation de la CAF ne précisait pas une fouille au corps, il me semble…
- Cette convocation n’en est pas une, sinon la nôtre vis-à-vis du profond désir qui nous anime dans le cadre d’une collaboration fructueuse avec vous, Monsieur Dessel. En outre, et comme vous l’avez subtilement remarqué, elle ne notifie nullement les armes automatiques portées par les deux agents qui effectuent en ce moment même une palpation rigoureuse sur votre personne par mesure légitime de sécurité. Vous ne savez que trop bien dans quel monde périlleux nous vivons, n’est-ce pas…
- Il n’est pas mentionné sur ledit formulaire que vous copulez grassement avec la fille d’un des hommes les plus puissants de ce pays. Nous avons préféré que cette information ne soit pas ajoutée au contenu tout à fait nul et non avenu de ce document. Vous le déplorez ?
- Votre passif somme toute négligeable ainsi que votre brève mais lucrative apparition dans le secteur de l’escroquerie et de l’abus de confiance ont été occultés dans le même ordre d’idées. A l’image de votre détention peu inspirée et absolument illégale d’une arme de gros calibre appartenant à un agent de police, détail assommant dont vous n’aviez vraiment pas besoin.
- Tout comme vos antécédents remarqués dans la consommation ostentatoire de psychotropes divers allant par déclinaison croissante de l’ivresse publique à des produits plus lourdement proscrits tels que l’ecstasy ou la cocaïne. Vous admettrez notre rigoureux respect à l’égard de la législation concernant l’intimité de chaque citoyen.
- Vous avez des informations précises, c’est bien. Je vous félicite.
- En effet. Bien aimable à vous. Mais nous ne sommes pas ici pour en discuter plus avant. Nous souhaitions seulement vous faire part de notre culture à votre sujet.
- Je vous mets un A. D’autres questions ? Je vous laisse à vos petites enquêtes, alors…
- C’est très probablement vous qui en poserez dans un instant, Monsieur Dessel et il est fort peu recommandé pour votre avenir immédiat de quitter cette pièce sans notre assentiment.
- Dans l’hypothèse où vous y parviendriez par vos propres moyens.
- Ce qui est exclu. Reprenez donc votre chaise.
- Bien. Nous savons qui vous êtes et le mode de vie qui est le vôtre. Les présentations sont donc faites. Vous comprenez évidemment que si vous êtes arrivé jusqu’ici et au vu de l’ambiance, si je puis m’exprimer de cette manière, qui fait de vous le point central de nos attentions, la situation est on ne peut plus déterminante. Nous requerrons votre concours à sa résolution.
- Quelle situation ? Et quel est mon intérêt dans l’histoire ? On parle de quoi réellement, là ?
- Politique, intensément politique. Vous vous en doutez…
- Continuer à vivre de longues et fastes années sans vous soucier de la manière plus ou moins orthodoxe dont vous allez régler votre loyer, comme c’est le cas aujourd’hui.
- D’une prise d’otages accompagnée d’une dizaine de meurtres de sang-froid.
- Un document tout à fait officiel, celui-là, vous garantira une immunité totale sans possibilité de rétractation et ce, quel que soit le gouvernement au pouvoir.
- Signé de la main de celui qui vous présente ses vœux chaque année sur la chaîne nationale.
- Formidable. Et en retour ? Dix morts avec la bénédiction de Fabry ?
- Son aval.
- Et sa protection.
- Vous concevez ce que cela représente ?
- Des présidents meurent régulièrement.
- Pas celui-là, pas avant quelques années.
- Ca mérite réflexion.
- Ne soyez pas stupide, monsieur Dessel, vous avez déjà accepté. Vous savez pertinemment que vous ne vivriez que très brièvement si jamais la folie vous poussait à la fuite.
- Le secret est si évident en de telles circonstances que je ne vous ferai pas l’offense d’aborder ses modalités, les risques capitaux encourus en cas de tentative de divulgation ne serait-ce que partielle ainsi que l’ensemble des pressions et de la surveillance qui seront exercées sur vous dès lors que vous aurez franchi cette porte dans le sens contraire.
- Je ne doute pas de l’étendue de vos relations. Que vient faire Chloé dans ce programme, puisqu’il est flagrant qu’elle est une donnée essentielle de votre problématique ?
- Vous nous rassurez, monsieur Dessel, mes collègues ici présents et moi-même avions cru un instant avoir mal évalué votre aptitude à exécuter ce travail. Mais il n’en est rien, comme vous nous en faîtes la preuve à l’instant.
- Chloé Seminian devra faire partie de cette opération. Son implication directe dans les meurtres n’est pas une obligation, sa présence seule est indispensable. Elle travaillera de concert avec vous et j’ose espérer que vos torrides rapports n’auront pas d’incidences fâcheuses sur le bon déroulement du processus, lequel vous sera fourni de façon très détaillé à la fin de notre entretien, les notions de base avec lesquelles vous ne ferez qu’un ainsi que le profil complet des personnes que vous serez amené à côtoyer, influencer, neutraliser le cas échéant tout le long de votre tâche et ce, jusqu’à son épilogue, espérons le pour vous, heureux.
- La situation requiert une troisième personne pour des raisons purement logistiques. Choisissez avec discernement, nous n’avons pas de critères particuliers, sa sélection vous revient et vous serez donc seul responsable de son décès comme de celui de votre compagne du moment, en cas de difficultés en rapport à l’exécution correcte du plan établi. Votre cas n’étant plus à développer, il me semble.
- Une somme tout à fait conséquente vous sera allouée afin de motiver le recrutement d’une personne que vous estimerez de taille pour cet emploi.
- Et l’issue ?
- La survie en premier lieu. Des ressources financières pour satisfaire vos besoins et plus encore, de manière considérablement agréable, soyez-en certain. Et la sérénité, bien précieux par les temps qui courent, convenez-en.
- Ceci pour vous trois.
- Vous n’avez pas à en savoir plus et je vous certifie que cela n’en vaut pas la peine, ces mouvements souterrains n’auraient qu’une valeur limitée à vos yeux puisque vous n’avez de toute manière aucune fibre politicienne, n’est-ce pas ?
- Ce n’est pas faux.
- L’intégrité physique et morale, au même titre que la jouissance totale de leurs déplacements est assurée, après application exhaustive de notre accord, par deux documents en tout point identiques à celui qui vous a été présenté il y a de ça quelques minutes.
- Vous serez trois mais votre sagacité vous a déjà clairement signalé qu’aucun d’entre vous ne conclura brillamment sans le soutien des deux autres, d’où la cohésion déjà acquise pour moitié sur laquelle nous comptons pour vous voir tous combler nos attentes. Vous agirez communément, précisément et dans un premier temps en silence.
- Ma sagacité se rallie à votre opinion.
- Monsieur Dessel, sachez que je n’en ai, parlant d’égale sincérité au nom de mes collaborateurs, jamais douté.
- L’arme de troisième catégorie, propriété de l’Etat s’il en est, dissimulée fort classiquement sous votre matelas et qui n’a donné que peu de peines à nos agents s’y trouve toujours. Vous l’utiliserez. Un brouillard supplémentaire ne saurait se refuser.
- Le reste du matériel vous sera fourni en temps et en heure.
- Je vous souhaite la bienvenue dans les coulisses du pouvoir, Monsieur Dessel. Ce fut succinct, n’est-ce pas et tant d’informations en si peu de temps vont nécessiter un certain recul, tout cela a été dûment pris en compte, vous pensez bien. Il me reste à vous présenter l’homme qui veillera au bon fonctionnement de tout cela, votre ange-gardien en quelque sorte. Mettons donc un peu de lyrisme dans ce flot concentré d’interrogations et d’appréhensions latentes, si vous me le permettez.
- Il sera votre contact durant la phase majeure de l’action. Vous imaginez parfaitement les consignes qui sont les siennes en cas de défaillance de votre trio, délibérée ou non.
- J’imagine excellemment.
- Souvenez-vous qu’il a droit de vie et de mort sur vous à tout moment.
-Vous êtes, malgré un style comportemental original que vous alimentez pour des raisons sociales et personnelles hors de notre intérêt, un homme cultivé. Vous noterez donc toute la signification du nom de code donné à cette opération : Cassandre.
- Ma culture m’interdit d’y croire, vous m’en voyez désolé.
- Bien, faîtes entrer Monsieur Novak, s’il vous plaît… »


Chloé Seminian
Paris, 12 Juin 2029
21h46

Il ne vient pas de Chicago ni de Los Angeles, et pourtant il pourrait écrire des scripts de polars. Mais je crois qu’il s’en fout complètement. Il écrit. Et ce qu’il écrit est troublant, je ne peux même pas dire que j’aime le lire, on ne peut pas avoir ce genre de sentiment quand on entre dans ses mots. C’est incompréhensiblement différent ; enfin, je ne sais pas comment l’exprimer. Lui-même ne pourrait peut-être pas le faire instantanément. Ce qui m’a frappée, c’est son inconsistance. Il n’est pas là. Il met sa langue dans ma bouche, il presse mon corps contre le sien et je sens qu’il a envie de moi mais il est dans un monde de concepts. Rien d’artificiel, bien au contraire ; il se déplace dans les gens, c’est très dérangeant à écrire et vraiment incohérent à penser dans l’instant mais c’est ce qui se rapproche le plus de ma pensée.
Il m’a regardée longtemps.
Trois semaines qui sont passées comme trois ans. Contrairement à ce que certaines vérités devenues générales ont développé d’acquis au sein des adages populaires, les moments agréables ne créent pas une durée mémorielle réduite en rapport à sa définition temporelle stricte. J’ai souvent observé l’inverse, également. J’ai une théorie satisfaisante à ce sujet qui trouve sa source dans la contradiction délibérée et plus ou moins consciente des contractions et des étalements de durées intimées par le cerveau suite à ce genre d’acquis. Une lutte cérébrale interne. Quand j’ai parlé de ça à Antoine, il m’a dit que j’avais complètement raison et il est parti dans des développements un peu trop aériens pour moi tout en enlevant mon string. J’ai cru qu’il allait continuer en me pénétrant mais il a conclu sa démonstration juste avant. Je crois qu’il n’en avait plus rien à foutre en fait. Trois semaines pendant lesquelles je n’ai quasiment pensé qu’à lui. Je rentrais et je l’appelais dès que l’absence de mes parents se confirmait, c'est-à-dire quatre ou cinq soirs par semaine. Le premier jour, il a regardé le salon durant deux ou trois secondes avec le même air vide ; il m’a embrassée et il m’a sautée sur le tapis persan. Les jours suivants, il ne regardait plus le salon.
Il m’a regardée longtemps.
Il venait d’allumer sa clope et il m’a regardée longtemps en laissant sa main à moitié morte sur ma cuisse, il devait me dire quelque chose et je voulais absolument l’entendre alors j’ai attendu. Il est sorti de la chambre une minute et il est revenu plus décidé, enfin je crois. Son index et son majeur enfoncés dans ma chatte, il a approché son visage du mien et m’a demandé combien valait une vie. Même si j’avais été en état de répondre, j’aurais bafouillé une phrase dénuée de sens. Il a enlevé ses doigts et je me suis tournée pour qu’il me prenne, j’étais en train de venir, ma main crispée sur la table de chevet quand il s’est retiré brutalement.
« Alors, combien ? »
J’ai voulu dire « Quoi ? » ou « Putain… » mais seul un gémissement est sorti.
« Alors, combien ? »
Je le tirais vers moi mais il résistait et j’ai vu comme les bûchers de l’Inquisition dans ses pupilles noires quand il m’a posé la question pour la troisième fois. Je ne l’avais jamais vu aussi grand et aussi… Et aussi vivant. Je ne sais pas ce que reflétait mon visage à ce moment-là et je ne veux jamais le voir, je veux juste garder le moment où il s’est mis à vivre devant moi. Quand il a joui sur ma jambe, il me regardait toujours. Mais je suis à peu près sûre que ce n’était pas moi qu’il voyait. Une demi-heure plus tard, il avait repris son attitude habituelle, les yeux dans le vague, sa clope consumée dans les doigts. Je me suis assise à côté de lui et je l’ai serré contre moi. Il a respiré un peu plus longuement et il m’a fait la proposition la plus incroyable qui soit.
Je crois intimement en lui. Il vient de partir et comme chaque soir, je vais prendre ma douche en prenant soin de nettoyer son sperme en dernier ; je me sens comme enthousiasmée par mon petit rituel à la con. Ce soir, je le fais par reflexe, j’agis en silence et je repense à ce qu’il m’a dit. La perforation des strates humaines. Le contrôle total. Devenir la croyance. Des hommes au service d’un seul. Du pouvoir. Du pouvoir et de la jouissance. Combien.
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